NutriQuébec: un portrait de l’alimentation des Québécois

Publié 2021-05-17 Vues

Les discussions entre amis et les médias laissent croire que les gens sont plus que jamais préoccupés par la saine alimentation, que le végétarisme et la consommation d’aliments locaux et « bios » sont de plus en plus populaires. C’est probablement le cas dans certains sous-groupes de la population, mais ces constats ne reflètent probablement pas la réalité dans l’ensemble de la population québécoise. En effet, des données de notre équipe suggèrent que la qualité globale de l’alimentation en moyenne chez les adultes au Québec est loin d’être optimale. Il faut toutefois souligner que nous n’avons que très peu de données sur le sujet, d’où l’importance d’un projet comme NutriQuébec pour la santé future de la population !

Vous avez de premières données sur le changement d’habitudes alimentaires depuis l’arrivée de la pandémie, mange-t-on mieux ou moins bien depuis un an ?

Le projet NutriQuébec nous a permis de mesurer en temps réel ou presque les impacts du premier confinement l’an dernier sur les habitudes alimentaires des adultes au Québec. Nos résultats publiés en début d’année dans la prestigieuse revue américaine American Journal of Clinical Nutrition ont montré que la qualité globale de l’alimentation s’est légèrement améliorée lors des premiers mois de confinement en avril et mai derniers, comparativement à avant la pandémie. On sait que cuisiner ses repas et manger moins souvent à l’extérieur a un impact généralement favorable sur la qualité de l’alimentation. On peut présumer que la légère amélioration dans la qualité de l’alimentation au Québec en début de pandémie est attribuable, du moins en partie, au fait que les gens consommaient plus de repas à la maison lors des premiers mois de confinement. 

La prévalence de l’obésité ne cesse d’augmenter, est-ce que les professionnels de la santé interviennent de la bonne façon pour freiner la croissance ?

L’obésité est un problème complexe qui va bien au-delà des calories consommées. Freiner la croissance de l’obésité nécessite des interventions musclées dans toutes les sphères de la société, interventions qui favoriseront la consommation d’aliments sains pour la santé et qui auront un impact également sur la surconsommation d’aliments de faible qualité nutritionnelle. De telles interventions doivent cibler les populations les plus démunies et vulnérables qui sont le plus à risque de souffrir d’obésité et de ses conséquences sur la santé. À cet égard, les professionnels de la santé ont un rôle clé à jouer ! 

À l’ère où le régime riche en gras (cétogène) est en vogue plus que jamais, croyez-vous qu’il s’agit d’une approche efficace et sécuritaire pour la santé des individus ?

Les études rigoureuses de plus en plus nombreuses démontrent que consommer une diète de type cétogène induit une perte de poids rapide. Il n’y a là évidemment aucune surprise, considérant que cette approche restrictive vise l’élimination d’un grand pourcentage de nos calories consommées au quotidien, les glucides. Or, des études aussi rigoureuses démontrent que la perte de poids engendrée par tous les régimes visant une réduction calorique importante s’estompe avec le temps. Et c’est vrai, peu importe l’approche restrictive utilisée. Encore là, aucune surprise, puisque le maintien à long terme d’habitudes alimentaires hors normes, (on parle ici d’années !) s’avère un immense défi…

Quel est le type d’alimentation, sur la base des recherches scientifiques des dernières années, le plus recommandé ?

S’il y a bien un patron alimentaire qui fait l’unanimité dans la communauté scientifique, c’est bien la diète méditerranéenne. En effet, plusieurs centaines d’articles scientifiques publiés chaque année partout à travers le monde démontrent les bienfaits de ce patron alimentaire. Évidemment, on ne peut pas au Québec manger exactement comme les Italiens du sud, les Grecs ou encore les Magrébins, pour qui la diète méditerranéenne est adaptée aux réalités régionales et culturelles qui les caractérisent. Mais... consommer plus de légumes et fruits, de produits céréaliers à grains entiers, de légumineuses et de noix, et moins de produits transformés, ça vous dit quelque chose ? ! 

Justement, le Guide alimentaire canadien, revampé en 2019, est-il un bon outil de santé publique ? Devrait-il être davantage utilisé par la population ?

Le nouveau Guide alimentaire canadien a reçu un accueil plutôt favorable de la part des scientifiques au Canada. Même si ce nouveau guide ne donne pas en exemple la diète méditerranéenne comme telle, les recommandations qu’on y trouve ressemblent étrangement à ce patron alimentaire, tout en étant adaptées le plus possible au contexte alimentaire canadien. Le Guide alimentaire canadien 2019 fait également une belle place aux comportements alimentaires sains à favoriser, comme par exemple prendre le temps de manger, reconnaître ses signaux de faim, cuisiner plus souvent et manger en bonne compagnie. Il s’agit là d’une belle innovation qui reconnaît que la saine alimentation ne dépend pas seulement de ce qu’il y a dans l’assiette, mais aussi de « comment » on mange ce qu’il y a dans l’assiette !

Ceci étant dit, nous n’avons que très peu d’informations quant à l’adhésion de la population québécoise à ces nouvelles recommandations nutritionnelles et de ses impacts sur la santé. C’est pourquoi le projet NutriQuébec est aussi important pour la santé des Québécois et permettra de répondre à ces questions !

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