
Un verre d’eau, une cafetière, trois oignons, deux têtes d’ail, deux petites branches
Un verre d’eau, une cafetière, trois oignons, deux têtes d’ail, deux petites branches. Mais aussi la transparence du liquide, l’opacité de la faïence, la lumière qui caresse la blancheur, les feuilles déjà amollies – ou asséchées ?
Conservé au Carnergie Museum of Art de Pittsburgh, Verre d’eau et cafetière, huile peinte par Jean Siméon Chardin en 1760, captive par la magnificence de sa simplicité et l’humilité de sa perfection. Et résume peut-être le génie de l’artiste né à Paris en 1699 et décédé dans la même ville en 1779. Ses natures mortes, ses scènes domestiques rassemblant rarement plus de trois personnes ou ses portraits invitent l’œil et l’esprit à méditer sur la richesse du quotidien, ses infimes détails, ses douceurs et ses étrangetés. Ses cruautés aussi, si l’on pense aux nombreuses représentations de lièvres, volailles et poissons attendant le couteau sur la table de cuisine. Visions réalistes toutefois, « pleines d’empathie », comme le note Alexis Merle du Bourg dans le bel – et onéreux – ouvrage qu’il consacre à Chardin.
Avant de musarder de planche en planche, de plans d’ensemble en détails sur la main industrieuse d’une Garde attentive ou les moustaches hérissées d’un chat gourmand, le lecteur aura beaucoup appris de l’introduction. L’historien d’art nous y dévoile quelques-uns des secrets du peintre : ce qu’il doit à l’art intimiste des écoles du Nord, son inscription dans les mœurs du XVIIIe siècle, le parfum d’éternité que son pinceau donne à une Jatte de prunes, la tendresse amusée qu’il porte à un enfant absorbé dans l’édification d’un château de cartes. Surtout, il nous persuade de regarder et regarder encore, lentement, longuement, chaque tableau. Sans bruit, Chardin saisit l’insaisissable, avec un charme retenu mais aussi évident que celui de sa palette à la richesse infinie, jamais tonitruante. Et de citer Diderot qui aimait s’arrêter devant ses œuvres « comme d’instinct, comme un voyageur fatigué de sa route va s’asseoir, sans presque s’en apercevoir, dans l’endroit qui lui offre un siège de verdure, du silence, des eaux, de l’ombre et du frais ». Fils d’un menuisier du roi spécialisé dans la production de billards, Chardin fut-il ce Jeune dessinateur qu’il croque en 1738, de dos, la veste trouée et le dos courbé sur sa feuille ? On n’en sait guère sur ses premières années sinon qu’il étudia auprès du peintre d’histoire Pierre-Jacques Cazes. Son entrée à l’Académie royale « dans le talent des animaux et des fruits » le place dans une catégorie « inférieure » qui, aujourd’hui, nous semble si précieuse…

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